Radio – Canada: Marché locatif tendu à Gatineau et à Ottawa en 2023, selon le dernier rapport de la SCHL
Posted February 5, 2024
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) révèle dans son dernier rapport sur le marché locatif, déposé mercredi, que même si l’offre de logements a augmenté à Gatineau en 2023, le marché demeure tendu. Le taux d’inoccupation a été de 1,1 % l’an dernier, comparativement à 0,8 % en 2022.
Dans le secteur de Hull, où sont concentrées les copropriétés offertes en location, le taux d’inoccupation n’a été que de 0,1 % en 2023, selon l’analyse approfondie de la SCHL.
Les experts soutiennent qu’un marché est en santé et équilibré lorsque le taux d’inoccupation oscille autour de 3 %.
La SCHL indique que le loyer mensuel moyen sur le marché traditionnel des logements de deux chambres faisant partie de l’échantillon était de 1252 $ en 2023 à Gatineau, ce qui représente une hausse de 8,9 % de ces loyers au cours des deux dernières années.
D’après le rapport, il n’y avait presque plus d’appartements offerts dans les fourchettes de loyers les moins chères en 2023. La rareté des logements a donc créé une pression supplémentaire pour les ménages aux revenus les plus faibles, peut-on y lire.
L’offre ne croît pas assez rapidement dans la region
Bien qu’il soit difficile de se loger convenablement à Gatineau, un nombre record de logements ont été construits l’année dernière, soit 2127 unités.
L’augmentation de l’offre de logements est soutenue dans la région de la capitale fédérale depuis les cinq dernières années.
Selon Francis Cortellino, économiste à la SCHL, les deux régions (Ottawa et Gatineau) sont frappées par un ralentissement de l’accès à la propriété.
C’est très cher pour les premiers acheteurs d’acquérir une maison ou un condo. Les jeunes restent locataires plus longtemps. Il y a aussi toute la question de la migration internationale. Donc, le Québec et l’Ontario ont accueilli plusieurs personnes de l’étranger au cours des dernières années […]. Ces gens-là sont fortement locataires à leur arrivée. Donc : beaucoup d’offre, mais beaucoup de demande.
De plus, la SCHL rappelle que les loyers sont moins chers à Gatineau qu’à Ottawa, ce qui contribue à la demande soutenue sur le marché locatif gatinois. Lors du dernier recensement, près de 35 % des nouveaux locataires à Gatineau provenaient de la région d’Ottawa.
Ottawa maintient son taux d’inoccupation
À Ottawa, seuls 2,1 % des logements d’Ottawa sont vacants, selon la SCHL. Ce taux est resté le même par rapport à l’année précédente.
Plus particulièrement dans le cas des logements dont le loyer mensuel est de 749 $ ou moins, le taux d’inoccupation est de 0 %.
Il y a de moins d’abordabilitié sur le marché, il manque de logements, soutient Francis Cortellino, ajoutant qu’il faut trouver des solutions pour augmenter l’offre de logements afin de réduire les hausses de loyer qui affectent les ménages
À Ottawa, le loyer moyen pour les appartements de deux chambres a augmenté de 4 % en 2023, note le rapport sur le marché locatif. Cette hausse moins marquée qu’en 2022 s’explique par un faible roulement des locataires, signe d’une tension sur le marché locatif, indique la SCHL.
Des organismes de la région sont consternés
Le rapport confirme ce qu’on voit mois après mois sur le terrain, explique le coordonnateur de Logemen’occupe, François Roy.
Le transfert de locataires d’Ottawa vers Gatineau est problématique, selon lui, puisque plus d’un tiers des locataires à Gatineau proviennent de la ville voisine.
Il croit que les données de la SCHL sont une démonstration que le marché privé n’est pas en mesure d’assurer le droit au logement des ménages locataires. C’est pour ça qu’on ne cesse d’implorer et de revendiquer, auprès des autorités fédérales et à Québec, davantage d’investissements dans le logement social.
Du côté d’Ottawa, le président de la section Ottawa-Centre d’ACORN, Edward Roué, partage l’avis du coordonnateur de Logemen’occupe : la situation est critique.
Pour nous, ça ne fait que renforcer notre demande pour un contrôle des loyers intégral, qui s’applique à l’augmentation annuelle des loyers et à l’augmentation des loyers entre deux locataires.
Il croit que les grands responsables sont les gouvernements, qui n’investissent pas dans les logements abordables et qui n’en font pas assez pour contrôler les loyers.
Au moment d’écrire ces lignes, les ministères de l’Ontario, du Québec et du fédéral en matière de logement n’avaient pas répondu à nos demandes de commentaires.
Il faut accélérer les choses, croit la mairesse de Gatineau
Selon la mairesse de Gatineau, France Bélisle, la Ville doit être un acteur clé dans le développement de logements.
Elle note l’apport du comité-choc en logement, composé d’élus municipaux, qui a fait avancer davantage de projets dans la ville, selon elle.
France Bélisle insiste toutefois pour dire que d’autres acteurs doivent s’impliquer dans la construction de logements sociaux.
Ça prend un gouvernement du Québec qui est flexible d’adopter des critères pour voir lever des projets, ça prend des entrepreneurs qui voient un ralentissement et qui se disent que plutôt de faire du logement privé, ils vont saisir l’occasion de faire du logement social, dit-elle.
La Ville d’Ottawa, de son côté, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
****
Article by Camille Kasisi-Monet and Anne-Charlotte Carignan for Radio – Canada